Emploi, formation : l'union fera la force face au renouvellement des générations
Face à la problématique de renouvellement générationnel, chez les agriculteurs/agricultrices comme les salarié(e)s agricoles, les acteurs de l'emploi et de la formation dédiés à chacun de ces deux publics que sont l'Anefa, l'Apecita, Ocapiat et Vivéa font front ensemble, à travers plusieurs actions, pour relever cet enjeu commun aux quatre structures.
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C'est ensemble que l'Anefa, l'Apecita, Ocapiat et Vivéa ont organisé une conférence de presse, au Salon de l'agriculture 2025, afin de présenter le pôle unique au sein duquel ils sont désormais rassemblés lors de ce type d'événement, pour une meilleure visibilité (une charte graphique commune est également dans les tuyaux), ainsi que les rendez-vous qu'ils organisaient pendant les 10 jours sur la formation et l'emploi dans le secteur agricole, communs pour partie comme ils en proposent sur l'ensemble du territoire également.
Sensibiliser aux comportements ne favorisant pas l'embauche.
Cette année, ils étaient particulièrement nombreux et diversifiés, face à l'enjeu de plus en plus prégnant du renouvellement des générations en agriculture côté agriculteurs/agricultrices, comme salarié(s) agricoles, « 40 % arrivant à l'âge de la retraite », indique l'Anefa. En ouverture, le premier dimanche, sur l'espace Agri'Métiers : la pièce de théâtre "Tous chômeurs" de la compagnie L'Odysée RH, histoire de commencer par tordre le cou aux idées reçues sur les métiers agricoles.
Et de sensibiliser candidats et employeurs aux situations et comportements qui ne favorisent pas l'embauche de main-d'œuvre en agriculture, ni sa fidélisation. Parmi les thèmes abordés les journées suivantes : l'enseignement agricole, puis la reconversion professionnelle en agriculture, le handicap dans le secteur agricole, l'impact des nouvelles technologies sur les métiers agricoles, la place des femmes dans les filières agricoles, les avantages de l'apprentissage en agriculture avec notamment le témoignage des lauréats du concours Meilleurs apprentis de France.
Reconversion, handicap et place des femmes
Au cours d'un entretien accordé à la rédaction, Laurent Paillat, secrétaire général de l'Anefa, explique : « Pour les Nima (non issus du milieu agricole), la question est de savoir comment on fait évoluer les parcours scolaires pour leur donner, en plus des apports théoriques, les connaissances terrain qui leur manquent. » Il exhorte à rapprocher les centres de formation et les entreprises, et à exploiter les atouts de ces nouveaux publics, par exemple, leur regard extérieur critique.
Exploiter les atouts de ces publics.
Concernant le handicap, il invite les employeurs à « adapter l'organisation et les postes de travail, au quotidien ». Au sujet des nouvelles technologies, qui « diminuent la pénibilité, et renforcent la rentabilité et l'attractivité des activités agricoles », le responsable professionnel évoque « les gains à aller aussi chercher dans l'organisation du travail pour dégager du temps libre, avoir une vie personnelle, sociale, culturelle étant aujourd'hui essentiel, particulièrement pour les jeunes ».
Quant à la place des femmes, il ne s'agit pas de parler de « quotas » selon lui, mais avant tout qu'elles puissent « s'épanouir avec des missions choisies et des responsabilités qui leur correspondent, et pas seulement celles dont les hommes se désintéressent ». Sur son exploitation maraîchère, l'agriculteur emploie quatre hommes et trois femmes, auxquelles il confie tout type de tâches.
Miser sur la formation
Focus, par ailleurs, sur les saisonniers agricoles en lien avec les résultats d'une étude d'Ocapiat soulignant « l'enjeu que représente leur recrutement alors que c'est un très bon tremplin vers le salariat pérenne et l'installation », met en avant Jérôme Volle, secrétaire général de l'organisme. « Sans saisonnier, pas de récolte possible dans plusieurs productions, insiste-t-il. Nous devons améliorer leurs parcours professionnels, leurs conditions de travail, et lever certains freins liés à la formation, au transport, au logement. » Sachant que des aides sont d'ores et déjà mobilisables auprès d'Action Logement, du Crous et de différentes associations.
Un outil de transformation des exploitations.
De son côté, Vivéa a présenté une enquête sur la formation continue des agriculteurs, et sur les leviers qui permettraient de les inciter à se former plus régulièrement, les producteurs de grandes cultures en particulier, moins assidus que les éleveurs. « Il s'agit de leur donner les moyens de s'adapter à un contexte en perpétuelle évolution, d'accompagner l'innovation dans les fermes, et de les aider à créer de la valeur et à regagner de la valeur ajoutée. La formation est un outil de transformation qui impacte sur le court, moyen et long terme », argumente Marianne Dutoit, présidente de l'organisme.
Au programme également de ce Sia 2025 : comment se différencier et utiliser les réseaux sociaux pour faciliter la recherche d'emploi, la présentation de l'offre du Service public pour l'emploi avec France Travail, l'inclusion professionnelle des publics éloignés de l'emploi « via la formation et l'aquisition de la culture agricole, en réfléchissant à comment mieux les accueillir et les fidéliser », note Laurent Paillat, l'emploi agricole et le logement avec Action Logement... Un tour d'horizon assez complet de l'emploi en agriculture.
Mutualiser ressources et compétences
« Nos valeurs et nos enjeux se rejoignent complètement : renouveler les générations d'agriculteurs et de salariés, face aux départs en retraite massifs et aux difficultés à recruter dans l'ensemble des filières agricoles (30 % des postes n'étant pas pourvus en 2022 et 4 employeurs sur 5 peinant à embaucher), pointe Jérôme Volle pour revenir sur la collaboration entre l'Anefa, l'Apecita, Ocapiat et Vivéa. C'est certes notre défi le plus important, car corrélé avec l'attractivité des métiers agricoles, mais il y a aussi ceux liés à l'innovation technologique, au verdissement, à la durabilité, aux demandes sociétales. »
« Rappelons que sans salariés, de nombreuses entreprises ne peuvent pas fonctionner. » Le secrétaire général d'Ociapiat invite à travailler sur la formation initiale et continue entre autres. « Attirer et former de nouveaux talents : en dépendent notre souveraineté alimentaire, la compétitivité de notre agriculture et le dynamisme de nos territoires, met en garde Mickaël Jacquemin, président de l'Apecita. Il faut casser les clichés, communiquer positivement sur l'agriculture, pour montrer que nos professions sont qualifiées, innovantes et en évolution. »
Sans salariés, beaucoup d'entreprises ne peuvent pas fonctionner.
Les quatre instances collaborent afin de mieux connaître les besoins du secteur, partager leurs ressources et données, mutualiser leurs compétences et expertises et définir des plans de formation adaptés à chaque entreprise, avec une approche pragmatique et un accompagnement concret. Avec pour objectif de rendre l'agriculture plus compétitive et résiliente. Un gros travail doit notamment être mené sur le management, auquel « les agriculteurs sont trop peu formés », estime-t-il. « On ne s'improvise pas manager d'autant que la jeune génération a des attentes différentes », appuie Marianne Dutoit.
Un gros travail sur le management
Cette vidéo de l'Anefa des Landes, projetée lors de la conférence de presse, montre l'importance d'un « management de proximité », de « toutes ces petites choses » qui, « au quotidien », permettent de bien accueillir, impliquer et fidéliser les salariés : « être à l'écoute, répondre à leurs questions, échanger, les accompagner, avec une attitude positive et bienveillante, faire des bilans réguliers au travers d'entretiens, autant sur ce qui ne va pas que sur ce qui fonctionne bien.
« Il faut leur expliquer pourquoi ils sont là, et les enjeux derrière pour nous, producteurs », détaille l'une des exploitantes. Une autre met l'accent sur l'intérêt de la formation et des outils dans la gestion des ressources humaines. Un autre encore sur celui de prendre en compte l'humain justement et de « donner confiance ». « C'est aussi aux employeurs de faire des efforts », juge-t-il. Ocapiat propose par exemple, aux employeurs, des diagnostics RH. « Un investissement qui fait gagner du temps, car il permet à tous les employés de trouver leur place et de monter en compétences, ce qui limite le turn-over », constate Jérôme Volle.
Expliquer, aux salariés, les enjeux pour nous producteurs.
Des questionnaires sont aussi disponibles pour les managers, pour qu'ils connaissent mieux leurs salariés et adaptent leur façon de manager en conséquence, et comprennent comment ils managent et quels sont leurs points de progrès. En réflexion : la création d'un label employeur. Une convention va, en outre, sceller prochainement le partenariat entre l'Anefa, l'Apecita, Ocapiat et Vivéa, qui « vit déjà avant même sa signature », fait remarquer Laurent Paillat. Après le guichet unique, instauré dans la loi d'orientation agricole, pour l'installation et la transmission en agriculture, celui pour l'emploi agricole est en marche
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